Vous avez une assurance contre les cyber-risques dans votre portefeuille ? Et vous offrez à vos clients la possibilité de contracter une assurance bagages via leur smartphone au moment où ils entrent dans l’aéroport ? Willem Standaert, maître de conférence et chercheur post-universitaire à la Vlerick Business School, connaît mieux que quiconque les changements qui entraînent la numérisation du travail de courtier. Il discute des tendances majeures dans le monde des assurances et de l’avenir numérique des courtiers.
Quelles pistes de numérisation sont intéressantes pour un courtier ?
Willem Standaert : « Les courtiers occupent une position unique. Un courtier est une personne de confiance qui donne des conseils indépendants et possède une expertise en matière de risques et de produits d’assurance. Ainsi, il peut proposer à chaque client le meilleur produit pour chaque situation spécifique.
Ces dernières années, plusieurs start-up InsurTech ont tenté de dérober aux courtiers cette relation client unique. Mais ces entreprises ont éprouvé des difficultés à lancer leurs nouveaux produits directement sur le marché. Pour les moments clés, la plupart des clients belges préfèrent cependant un contact personnel.
Parallèlement, pour les autres moments, les clients préfèrent une solution numérique qui leur fait gagner du temps. Pour les tâches administratives, par exemple, un client ne veut plus prendre sa voiture pour se rendre chez son courtier. Une piste intéressante pour les courtiers est donc de trouver un équilibre optimal entre le contact physique et le contact numérique, où le courtier devient un maillon indispensable dans un contexte hybride.
Les start-up peuvent devenir un fournisseur technologique pour le marché des assurances, par exemple en simplifiant le back-office des courtiers et des assureurs, en permettant l’échange de données ou en développant une plateforme sur laquelle d’autres systèmes peuvent se raccorder. De cette façon, ils évoluent en passant d’InsurTech à Tech for Insur.
Les Vivium Digital Awards sont une belle occasion permettant aux acteurs numériques et aux courtiers d’entrer en contact. Nous sommes à la recherche de solutions numériques qui soutiennent le courtier et qui stimulent la satisfaction client et l’efficacité en agence. »
Quelles autres tendances numériques les courtiers vont-ils ressentir ces prochaines années ?
« Les assureurs seront probablement moins visibles dans certains domaines, où nous évoluons beyond insurance. Bill Gates le savait déjà en 1994 : ‘Banking is essential, banks are not’. Il entendait par là que nous aurons toujours besoin des transactions financières, mais que nous n’aurons plus forcément besoin des banques pour ce faire. Nous commençons à remarquer cette évolution dans le secteur des assurances également.
Quand vous achetez une voiture, certaines marques vous offrent la possibilité de racheter une assurance white label. Le client ne connaît pas l’assureur. La marque automobile s’associe avec l’assureur le meilleur marché et passera à un prestataire moins cher sans que le client ne s’en aperçoive.
En outre, les acteurs numériques permettent l’instant insurance. Vous partez en citytrip ? Vous pouvez alors conclure une assurance bagages à votre arrivée à l’aéroport. Imaginons que vous veniez d’acheter un nouvel appareil photo. Vous pouvez alors choisir de faire assurer cet appareil quelques jours seulement. De plus en plus de clients assureront certains risques on the spot. »
Quel est l’impact de la transformation numérique sur l’avenir des courtiers ?
« La numérisation a un impact sur différents aspects du courtage. D’une part, la méthode de travail des courtiers changera fondamentalement en raison des nouvelles technologies. D’autre part, la numérisation crée de nouveaux risques. Les assurances sont un reflet de la société. Si le monde devient plus complexe, de nouveaux produits d’assurance plus complexes verront le jour.
Pensez à une assurance contre les cyber-risques ou une assurance qui anticipe les risques associés à l’économie du partage. Un client qui veut charger sa voiture électrique avec le courant de panneaux photovoltaïques de son voisin devra trouver une assurance couvrant les deux parties si les choses tournent mal.
Enfin, le marketing numérique fera partie de l’ensemble de tâches de tout courtier, même si cela ne fait pas partie de ses compétences indispensables. Certains courtiers ont déjà favorablement franchi cette étape ces dernières années. Nous constatons également de plus en plus que les courtiers ont un site Internet optimisé pour les moteurs de recherche et qu’ils sont actifs sur les réseaux sociaux. D’autres ont besoin d’aide pour effectuer cette transition. »
Imaginons qu’un courtier ait une bonne idée pour se tourner vers la numérisation, mais qu’il ne possède pas les compétences techniques pour élaborer son idée. Que lui conseillez-vous ?
« Les courtiers ne doivent pas avoir peur des nouvelles technologies. Toutefois, il est important de vous demander comment accueillir la numérisation et, simultanément, continuer à jouer un rôle important en tant que courtier. Certes, la combinaison du monde physique et numérique peut livrer le meilleur résultat possible, mais aussi le pire.
C’est pourquoi il est important de réfléchir activement à l’issue la plus favorable possible. Cherchez vos propres forces et demandez-vous comment vous pouvez les combiner avec les nouvelles technologies. N’hésitez pas à regarder comment cela se passe chez nos voisins et dans d’autres secteurs, où la transformation numérique est beaucoup plus avancée dans certains domaines. C’est ainsi que les meilleures idées apparaîtront. »
Quelle expertise a la Vlerick Business School en matière de numérisation ?
« Nous sommes une business school universitaire. Grâce à la recherche, nous produisons des connaissances et de l’expertise en matière d’innovation numérique dans tous les domaines : marketing et RH, mais aussi notamment le secteur financier etdes assurances. Nous transposons ces connaissances académiques à la pratique.
Nos étudiants en master élaborent, au cours d’un sprint numérique, la stratégie numérique d’un assureur, par exemple. Pendant un bootcamp, ils peuvent se plonger dans des thèmes tels que la transformation numérique et les FinTech. En outre, nous buvons notre propre champagne : Vlerick numérise aussi sa propre méthode de travail. Les étudiants peuvent suivre un MBA en ligne ou participer au programme ‘Take the lead’ dans lequel nous formons 400 participants au digital transformation leadership. »
Pourquoi la Vlerick Business School soutient-elle les Vivium Digital Awards ?
« Nous sortons de plus en plus souvent des murs traditionnels de notre école. Nos leçons sont immédiatement applicables dans un environnement industriel et nous soutenons les initiatives qui peuvent avoir un impact sur les entreprises. Les Vivium Digital Awards rendent l’innovation numérique visible dans le secteur des assurances et correspondent donc à notre mission. Je suis curieux de voir les idées inspirantes que les courtiers et entreprises de technologies proposeront pour améliorer le travail des courtiers et la satisfaction des clients. »